Alain Robert: escalades en France

Si gérer un mouvement précaire ou une situation d'alerte loin au-dessus des eaux vertes du Verdon me laisse froid, le simple fait d'imaginer cette situation, avant de m'engager, me terrifie.

Bien sûr, je grimpe en solo, sans aucune protection, pour connaître le goût sulfureux de la peur et le plaisir intense, presque surréaliste, de la maîtriser. Contrairement à ce que de nombreux grimpeurs ont dit, un être humain qui met le poids de sa vie dans la balance d'un challenge, quel qu'il soit, connaît la peur. C'est même son moteur. Un moteur équipé de rupteurs, c'est-à-dire de garde-fous qui disjonctent lorsque le risque s'avère trop grand. Un grimpeur solitaire qui n'aurait pas peur serait, tout simplement, un grimpeur potentiellement mort.